2022 Habiter Tunis

La série Habiter est liée à l’extension urbaine de Tunis qui progresse toujours vers des espaces un peu sauvages et abandonnés. La série aborde l’idée de la transformation de terrains inoccupés en lieux déterminés et normés. C’est une métaphore de l’effort de domestication auquel j’ai été confronté en arrivant au Canada, mais également d’un dialogue entre le soi et l’ailleurs, entre l’être et l’angoisse du vide.

The series Dwell, as for it, refers to the urban extension of Tunis which always progresses towards somewhat wild and abandoned areas. The series deals with the idea of the transformation of unoccupied land into settled and standardized places. It is a metaphor for the effort of domestication that I was confronted with when I arrived in Canada, but also of a dialogue between the self and the elsewhere, between the being and the anguish of emptiness.

2022 L’envers étroit de la distance

 Les peintures ont été créées à partir de photomontages associant des fragments de paysages de la Tunisie et du Québec. L’occident y est représenté par des références comme un vraquier (bateau transporteur du Saint-Laurent), un chalet, la neige, une planche à pagaie, et cela se greffe par exemple aux végétations du Sud tunisien, au désert. La folle puissance occidentale bouleverse le monde socialement, économiquement, écologiquement, et parfois le détruit.

The Narrow Side of Distance

The paintings were created from photomontages combining fragments of landscapes from Tunisia and Quebec. The West is represented by references such as a bulk carrier (a carrier boat on the St. Lawrence), a cottage, snow, and this is grafted for example to the vegetation of southern Tunisia, the desert. The crazy Western power disrupts the world socially, economically, ecologically, and sometimes destroys it.

2021 Les mille nuits

La série évoquait le présent politique du monde arabe. Elle proposait une lecture poétique de la situation des gens vivant sur place, indiquant des inquiétudes, mais aussi l’instinct de résilience et de joie. Pour cela, les peintures s’appuient sur une iconographie évocatrice : le tractopelle qui détruit sans ne jamais rien finir ; les chiens et chats errants, compagnons résilients ; le lion, la figure de la domination arbitraire, le combat ; les mosaïques des espaces publics et privés ; la tête de bœuf, animal consommé ou sacrifié religieusement, symbole pour moi de la révolution arabe.

The Thousand Nights series evokes the political reality of the Arab world. It proposes a poetic reading of the situation of the people living there, indicating anxieties, but also the instinct of resilience and joy. For this, the paintings rely on an evocative iconography: the backhoe that destroys without ever finishing anything; the stray dogs and cats, resilient companions; the lion, figure of arbitrary domination, the struggle; the mosaics of public and private spaces; the head of an ox, an animal consumed or sacrificed religiously, a symbol of the Arab revolution, for me.

Archives

L’onglet Peintures montre quelques-unes de mes peintures réalisées pour mon diplôme des beaux-arts (DNSEP en 2005) et des peintures réalisées en Tunisie de 2006 à 2011 environ.

L’onglet Dessin montre la plupart des dessins réalisés en Tunisie, au fusain ou à l’encre, réalisés parfois d’après photos, et souvent d’après nature.

2020 La meute et le palais

/Contexte Le monde commence pour moi à Carthage, cité Punique fondée aux environs de 814 AV. J.-C. par des colons phéniciens (Tyr, actuel Liban). Carthage c’est d’abord une constitution, aussi une puissance agricole et militaire. Elle fut de fait un carrefour entre l’Orient, l’Afrique et Rome. Étymologiquement, Carthage signifie « Nouvelle Ville » (ironie du sort ou présage ?). Elle n’a pas su faire l’économie de tensions avec les peuples autochtones, et c’est ce qui fut, probablement, la réelle raison de sa chute, et de sa destruction en 146 AV. J.-C par Rome. Les civilisations s’y sont ensuite succédées… Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, etc. Pourtant, jamais elle n’appartint aux autochtones. Pour ceux de ma génération, Carthage était le lieu impénétrable du palais présidentiel, centre du pouvoir dictatorial de l’ancien chef de l’état Ben Ali. Carthage symbolisait pour nous la violence de l’état, de la classe dominante. Sans doute elle est la ville actuelle en Tunisie où le niveau de vie par habitant est le plus élevé. Lors de la révolution de janvier 2011, Carthage fut prise encore une fois. On aurait pensé par le peuple cette fois… Mais elle s’est aussitôt refermée sur elle-même, tombée dans les méandres de la corruption et du populisme. /Description Deux murs recouverts de petites peintures essentiellement sont en vis-à-vis. Le premier est constitué de chiens qui forment, toujours à partir de la même image, une meute. En face, selon le même principe, une même image (buste photographié à Carthage) démultipliée forme les colonnades d’un palais fictif. Plus précisément, ce deuxième mur, en face de la meute, est constitué de plusieurs images : un buste, sans bras, ni tête, ni jambes ; une tête avec un encensoir, sans corps, également provenant du musée de Carthage, coupée au niveau des yeux ; des palmiers nains, plante décorative qu’on retrouve le long des avenues aux abords du palais mais aussi dans les jardins. Ensemble, tous ces motifs reconstituent les décors d’un lieu de pouvoir : le palais. Le projet consiste à produire un énoncé, un commentaire, sur l’actualité politique en Tunisie en me servant d’images d’objets du passé. C’est l’histoire de la prise du palais de Carthage par la rue.
/Projet 2020 : La meute et le palais /Contexte   Le monde commence pour moi à Carthage. Cité Punique fondée aux environs de 814 AV.  J.-C. par des colons phéniciens (Tyr, actuel Liban). Carthage c’est d’abord une constitution, aussi une puissance agricole et militaire. Elle fut de fait un carrefour entre l’Orient, l’Afrique et Rome. Étymologiquement, Carthage signifie « Nouvelle Ville » (ironie du sort ou présage ?). Elle n’a pas su faire l’économie de tensions avec les peuples autochtones, et c’est ce qui fut, probablement, la réelle raison de sa chute, et de sa destruction en 146 AV. J.-C par Rome. Les civilisations s’y sont ensuite succédées… Romain, Vandales, Byzantins, Arabes, etc. Pourtant, jamais elle n’appartint aux autochtones. Il faut se remettre dans le contexte des dictatures arabes pré-révolution : après tant d’années de dictature et de protectorat français. C’est pourquoi cette expérience de la révolution fut d’une absolue beauté, d’une absolue libération. Car c’est un tabou qui est tombé : il est possible de renverser un gouvernement politique, par la force. Il est possible d’affronter collectivement la mort. Et il est possible d’avoir un mot à dire sur son avenir. Du moins en théorie. À cet instant, nous le pensions encore.  

Végétal 3

Études

études autour de la série Venus&Venus (parents et enfants )

2019 Venus & Venus

Au commencement du projet, j’avais imaginé une femme étendue dans l’ombre, au bord d’une route au milieu de nulle part, en lisière de forêt, qui aurait pu avoir un accident ou avoir été abandonnée dans la nuit. L’idée a évolué et est devenue la peinture d’une femme dans la nuit, ou dans un vide sombre, sous un ciel comme surplombée par des planètes, une lune/œil, étrange soleil. Le rêve, le fantasme, aussi la sexualité y sont un don de soi à la nature, liant la vie à la mort, dans le cycle qui va de l’enfantement à la disparition. Cette peinture a donné naissance à une série Venus & Venus abordant les questions de l’individu, homme, femme, enfant, dans  la cosmogonie, perdu dans ses actions bénignes, lorsque le désir est sous l’influence d’une machinerie cosmique. J’ai de nombreuses fois visité les sites archéologiques gréco-romains en Tunisie dans mon enfance, on peut y retrouver cet écho lointain, première référence à l’Olympe. On y trouve encore de nombreuses statues en marbre blanc, de dieux, déesses. Au fil du temps, elles se sont brisées. Comme un double de nous-mêmes, elles nous renvoient à nos identités perdues dans les remous du temps. Leurs corps, accomplissant des actions, sont pétrifiés.

Olympia

Olympia combine au départ corps nu et végétaux, et se réfère probablement aux œuvres de Gauguin en Polynésie, notamment l’allégorie D’où venons nous, où allons-nous. On y voit des corps à moitié nus en lisière de forêt. Le tableau parle de la traversée de la vie, de la naissance à la mort, et au centre, il y a Ève. Gauguin se réfère lui-même à l’art autochtone polynésien, mais aussi à l’art égyptien, aux allégories bibliques, etc. J’ai voulu m’approprier cette vision primitive du paradis, toujours énigmatique et fascinante. L’Éden, aussi bien que l’Olympe, au bout du monde, sont inaccessibles. Cette traversée, j’ai voulu la voir comme un effort sportif : plus parcours d’obstacle que traversée ; luttes intimes contre soi-même et pour les autres. L’effort produit des intensités variables, des forces de contradictions et de contractions, d’étirements, des chutes, des aveuglements, des démembrements.